Frédéric Arnault (à g.) et Alexandre Arnault.
Frédéric Arnault (à g.) et Alexandre Arnault. © Denis Balibouse/Reuters- Eduardo Munoz/Reuters

Bernard Arnault est sur le point d'annoncer la nomination de ses fils Alexandre Arnault et Frédéric Arnault au conseil d'administration (CA) de LVMH. Son choix devra être validé le 25 janvier, lors de la traditionnelle séance qui précède l'annonce des résultats annuels le même jour. Puis, il devra être confirmé par les actionnaires à l'assemblée générale du printemps prochain.

Ces nouveaux entrants vont-ils s'additionner aux 16 membres actuels du conseil ? Ou le PDG de l'empire du luxe fera-t-il de la place en remerciant quelques anciens ? Charles de Croisset, 80 ans, et Yves-Thibault de Silguy, 75 ans, sont par exemple respectivement depuis seize et quinze ans dans leur fauteuil et leur mandat arrive à échéance en 2024. 

La volonté d'éviter toute rancœur

Ce choix de faire grimper Alexandre et Frédéric maintenant ne doit rien au hasard et s'inscrit dans la stratégie du "en même temps" chère à Bernard Arnault lorsqu'il s'agit de préparer sa succession. Le patriarche de 74 ans est en effet très attentif à ce que ses enfants ne soient pas propulsés sans faire la preuve de leurs mérites. Mais il veille aussi à éviter toute rancœur possible au sein de sa remuante famille recomposée.

Or, après la belle promotion des enfants du premier lit – Antoine Arnault a été nommé directeur général et vice-président de la holding Christian Dior SE en décembre 2022 et Delphine Arnault a été désignée PDG de Dior le 1er février 2023 (LL du 12/01/23) –, les trois enfants du second mariage avec la pianiste Hélène Mercier-Arnault ont été félicités plus discrètement.

Après six ans chez Tag Heuer, dont trois à diriger la marque, Frédéric Arnault a été promu le 5 janvier PDG de la division montres pour superviser Hublot, Tag Heuer et Zenith. Alors que les observateurs du groupe l'attendaient sur une marque de mode, là où se font le chiffre d'affaires et les marges, il reste donc dans le pôle horloger. Et il y est encore chapeauté par Stéphane Bianchi, qui supervise à la fois horlogerie et joaillerie.

Alexandre Arnault n'a, quant à lui, pas bougé de son poste de directeur exécutif produits et communication de Tiffany & Co depuis trois ans et reste sans perspective de promotion dans les mois à venir. La croissance du chiffre d'affaires du joaillier américain n'est sans doute pas aussi forte qu'espéré, au vu du déluge de moyens octroyés au marketing. Cela pose notamment la question de l'efficacité de la stratégie de rajeunissement de la marque grâce aux égéries Beyoncé et Jay Z, amis d'Alexandre.

Un lot de consolation non négligeable

Accéder au conseil d'administration du groupe s'apparente donc, pour ces deux fils de Bernard Arnault, à un lot de consolation non négligeable. Alexandre a déjà une expérience d'administrateur. Il s'est fait les dents en remplaçant son père au CA du distributeur Carrefour d'avril 2019 à septembre 2021. Lui et Frédéric auront désormais accès à l'ensemble des décisions stratégiques du groupe familial qu'ils sont appelés à diriger un jour. Et ce, autrement qu'au travers des discussions familiales du soir ou du week-end. À 31 et 29 ans, ils ont d'ailleurs dépassé l'âge auquel Delphine et Antoine étaient entrés au même conseil, à 28 ans chacun.

Jean Arnault, le dernier fils, âgé de 26 ans, est peut-être encore jugé trop jeune pour la fonction d'administrateur. Passionné de montres, comme Frédéric, son frère le plus proche en âge, il est discrètement passé il y a un an de directeur du marketing et du développement des montres Louis Vuitton à directeur du pôle horloger de cette griffe, vache à lait du groupe. Discret, mais engagé dans son travail, il est apprécié des barons et des cadres avec lesquels il évolue. 

Sophie Lecluse
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