Et si le problème de Jean-Marc Ayrault, dont la côte de popularité ne cesse de chuter, tenait à son entourage ? Face à l'ampleur de la tâche qui l'attendait, le premier ministre a voulu faire comme François Hollande en choisissant pour Matignon des collaborateurs qu'il côtoie depuis longtemps et sur lesquels il savait pouvoir s'appuyer, à l'image de ses conseillers Olivier Faure et François Hada et de son chef de cabinet adjoint Thierry Lamaire. Tous sont issus du groupe Parti socialiste à l'Assemblée nationale, que Jean-Marc Ayrault a dirigé pendant quinze ans. Mais la gestion d'un groupe parlementaire ne constitue-t-elle pas un travail fort différent de l'exercice de l'Etat ? Retranchée sur les sphères purement socialistes, la garde rapprochée du premier ministre souffre également de la présence écrasante de fonctionnaires au parcours très classique (Sciences Po, ENA, ENSEA), hommes et femmes de l'ombre ayant fait la totalité de leur carrière dans l'administration publique. C'est le cas de son directeur de cabinet à Matignon, Christophe Chantepy, déjà passé par Matignon sous Edith Cresson et Pierre Bérégovoy et ancien bras droit de Ségolène Royal pendant la campagne présidentielle de 2007. Résultat : outre des erreurs au démarrage qui révèlent une coordination défaillante, l'équipe Ayrault se montre peu prompte à l'anticipation, comme l'a montré la révolte des "pigeons", ces auto-entrepreneurs et dirigeants de start-up protestant contre le projet de loi de finances pour 2013.

Mais ce qui est valable à Paris ne l'est pas forcément pour Nantes. Si, dans son fief, Jean-Marc Ayrault s'est également replié sur sa garde rapprochée, il a pris soin, avant de revêtir son habit de premier ministre, d'organiser ses troupes. Objectif : pérenniser le "système Ayrault", qui traverse les élections depuis 1989. Il a ainsi partagé la fonction de maire, confiée à l'"intérimaire" Patrick Rimbert, et celle de président de la puissante communauté urbaine Nantes métropole, dévolue au maire de Rezé Gilles Retière. Et ce sont désormais le directeur général des services de la ville de Nantes et de la communauté urbaine Nantes Métropole, Benoist Pavageau, et François Blouvac, le conseiller affaires locales du premier ministre, qui neutraliseront toute (improbable) rébellion contre l'homme fort du département.